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un jour en avion
15 avril 2015

Lire et voyager

Le guide de voyage type Routard, Lonely Planet ou Michelin est bien souvent la seule lecture à laquelle pensent les touristes lorsqu’ils désirent en savoir plus sur leur destination. Ces boussoles de papier sont parfois fort bien écrites et pleines d’humour (mention spéciale à la série des Guides du Routard), mais revêtent une dimension utilitariste et aride qui rendent leur lecture fragmentée, désagréable et assez peu surprenante. N’y sont mentionnés, bien souvent, que les lieux les plus touristiques, à savoir les lieux d’arrivée, les points de chute repérables. Ces endroits, célèbres et très fréquentés, ne sont guère les plus intéressants : il n’est rien de plus beau que le chemin menant à eux, créateur de méditation, émancipateur de fantasmes. Bien avant l’apparition du tourisme de masse, le XIXème siècle représente un moment où de nombreux écrivains aguerris n’hésitent plus à partir à l’aventure, traçant les lignes de leurs textes au gré des routes, consacrant tout ou partie de leur œuvre à l’écriture du voyage. Ces écrivains-voyageurs, motivés pour certains par un élargissement des horizons (les empires coloniaux européens arrivent alors à leur apogée), pour d’autres par la nostalgie d’un Ancien Régime finissant de s’éteindre, dans bien des cas par leur simple curiosité ou besoin d’évasion, entreprennent de raconter le monde tel qu’ils le perçoivent en l’explorant. Sans toujours aller bien loin, d’ailleurs, puisque de nombreux grands écrivains, à commencer par les romantiques, se sont employé à exhaler l’âme des différents pays européens dans leurs ouvrages, à l’instar, par exemple, d’un Robert Louis Stevenson. Après un premier voyage en Belgique et en France, c’est une rupture amoureuse avec Fanny, une jeune américaine repartie en Californie, qui va pousser l’écrivain anglais à entreprendre une longue randonnée dans les Cévennes, dont il fait un récit tout à fait savoureux. La solitude, tant espérée, ne fut pas au rendez-vous, et Stevenson sut, comme en atteste son Voyage avec un âne dans les Cévennes, se mêler à la faune humaine de ce pays français. Voyageur authentique, il y fait sienne une devise de Montaigne, dont il fut un grand admirateur : il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui. Camisards, paysans ou simples promeneurs, tous sont décrits par l’auteur avec la plus grande sympathie, le plus grand respect, tandis qu’avance la randonnée littéraire. Évoquant les paysages, les villes, en ne négligeant pas leurs habitants,

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