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un jour en avion
18 décembre 2014

Vers la fin de la retraite

Pour ceux qui hésitent encore et se posent la question de leur retraite, les récentes actualités démontrent qu'ils feraient bien de remettre à jour leur logiciel, car la retraite, c'est terminé! Une fois n'est pas coutume, commençons par une bonne nouvelle. Les réformes successives des retraites portent bien leurs fruits. Les dernières projections du Conseil d'orientation des retraites (COR), censées servir de base au pilotage annuel du système prévu par la réforme Ayrault, font état d'une amélioration des prévision financières. En 2020, le gain par rapport aux projections réalisées en 2012 atteint 0,6 point de PIB, soit environ 14 milliards d'euros, quel que soit le scénario économique retenu. Les hypothèses de croissance à court terme retenues à l'époque ne seront pourtant pas atteintes, selon les dernières prévisions du gouvernement. Comment expliquer alors cette bonne nouvelle ? Principalement par la hausse des ressources du système décidée par la réforme Ayrault (hausse de cotisations employeurs et salariés). Mais aussi par la progression du rapport entre nombre de cotisants et nombre de retraités liée à l'allongement de la durée de cotisations requise pour obtenir sa retraite à taux plein. Sous l'effet des différentes réformes et l'allongement progressif des études, l'âge effectif moyen de départ en retraite va en effet passer de 61 ans en 2013 à 64,1 an d'ici à 2040. Organisme consultatif composé d'experts, d'élus ainsi que de représentants patronaux et salariaux, le COR, n'a toutefois pas eu le temps d'évaluer l'impact des comptes personnels de pénibilité. Les décrets seraient parus trop tard pour permettre une évaluation d'une réforme censée s'autofinancer grâce à des cotisations spécifiques des entreprises. En attendant, le casse-tête du financement des retraites est loin d'être réglé. D'abord à court terme. La crise a comprimé l'évolution de la masse salariale sur laquelle reposent les cotisations. Résultat, le trou dans le système de retraite devrait encore atteindre 11,1 milliards d'euros (0,5 % du PIB) en 2018, dont un peu plus de la moitié pour les seuls régimes complémentaires des salariés du privé (Agirc-Arrco). La pression augmente donc sur les partenaires sociaux qui doivent justement négocier dès l'année prochaine de nouvelles mesures d'ajustement sur les régimes complémentaires. Dans un rapport qui sera rendu public jeudi, mais dont les conclusions ont déjà fuité dans la presse, la Cour des comptes proposerait de repousser à 63 ou 64 ans l'âge minimum légal pour toucher sa complémentaire, alors qu'il est aujourd'hui calé sur celui des retraites de base, à 62 ans. En 2018, le régime de la fonction publique accusera lui aussi un trou, d'un peu plus de 2 milliards, si rien n'est fait. Sauf à toucher aux paramètres de la retraite des fonctionnaires, l'État devra donc augmenter ses cotisations employeurs pour combler la brèche, ce qui pèsera sur les finances publiques. À plus long terme, la viabilité du système de retraites par répartition dépend des scénarios économiques retenus. Le COR en retient 5 principaux, reposant sur différentes hypothèses de productivité du travail (et donc de croissance économique) et de taux de chômage. En fonction des taux de croissance retenus (de 1 % à 2 %) et du taux de chômage (de 4,5 % à 10 %), le système passe d'un fort excédent de 12 milliards d'euros dans le scénario le plus favorable, à de lourds déficits (19 milliards d'euros en en 2030 et même 37 milliards en 2040). Comme lors des exercices précédents du COR, le scénario moyen retenu, dans lequel le régime s'équilibre à la fin des années 2020, peut être considéré comme beaucoup trop optimiste. Il prévoit une croissance annuelle de 1,5 % et un taux de chômage de 4,5 % (contre plus de 10 % aujourd'hui). Mais l'évolution de la croissance se révèle en réalité bien plus déterminante que celle du chômage pour le retour à l'équilibre financier du régime, tient à souligner le président du COR, Raphaël Hadas-Lebel. Une variante reposant sur un taux de chômage de 10 % montre en effet que la dégradation financière serait limitée par rapport aux scénarios de référence (-0,5 point du PIB). Mais même si le scénario favorable était réalisé, "cela ne voudrait pas dire qu'il n'y a plus d'efforts à accomplir", prévient Raphaël Hadas-Lebel. Car le retour à l'équilibre juste avant 2030 s'accompagnera d'ici 2060 d'une baisse de la pension moyenne par rapport aux revenus d'activité moyen. Une chute de 22 % qui s'explique par l'indexation des retraites sur les prix et non pas sur les revenus d'activité, plus dynamiques. Elle risque d'être d'autant moins acceptée par les futurs retraités que le niveau actuel de la pension moyenne, qui représente 51,6 % du revenu d'activité moyen, permet tout juste d'assurer une égalité de niveau de vie moyen entre actifs et retraités, favorisés par une fiscalité allégée, des revenus du patrimoine plus élevé et un foyer plus restreint. Quelle que soit l'évolution financière du régime des retraites, les politiques vont donc avoir à faire des choix importants dans les années à venir. Ils devront notamment arbitrer entre trois grands paramètres, souligne le COR : l'âge effectif moyen de départ à la retraite, le taux de prélèvement global (aujourd'hui à 30,7 % de la masse des revenus bruts d'activité, hors cotisations des employeurs) et la pension moyenne relative des retraités.

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